Entendre battre le cœur de la cité
Départ depuis le Place de Chambre, au pied de la Cathédrale Saint Etienne.
On peut choisir de loger dans un hôtel de charme, celui de la Cathédrale, par exemple, lieu privilégié pour admirer l'architecture de Saint Etienne. Cet ancien relais de poste devint hôtel particulier en 1627 et aurait,
dit-on, accueilli René de Châteaubriand et madame de Staël…
La Place de Chambre, dont le nom vient, peut être, d"un hôpital du XII° siècle (Saint Jean en Chambre), était dans le passé, le lieu de convergence des diligences et autres malle-poste. Cela justifiait la présence de nombreux hôtels.
Les escaliers qui montent à la Cathédrale servirent de gradins pour la représentation des mystères à partir du XV° siècle. Sortant de l’hôtel, on prend à droite en longeant l’arrière du marché couvert jusqu’à rejoindre la rue du Faisan.
Du pied de la rue de la Pierre Hardie, prendre à gauche puis la remonter.
Arrivé à hauteur du N° 9, face à l’angle de la rue aux Ours, il faut prendre le temps de contempler la Maison des Notaires, belle demeure de 18((, signée de l’architecte Muel. Sa façade, dans le style Renaissance, est ornée de médaillons et de têtes sculptées, comme souvent à Metz, la suite de la déambulation le montrera. En face, à l’angle des rues, veille une sorte de légionnaire moustachu, juché sur une colonne d’angle.
Au N° 26 de la rue de la Pierre Hardie, une vieille devanture à l’enseigne T. Decker crée une atmosphère praguoise…On arrive à la rue du Palais qui tire son nom de l’Hôtel de Ville, présent en ces lieux jusqu’au XVII° siècle.
Il faut ici s’intéresser à l’architecture massive d’un ancien grand magasin qui se développait sur les 2 rues (Palais et Nexirue). Réalisé pendant la période allemande, ce bâtiment à l’architecture composite, mêlant classicisme et néobaroque est, aujourd’hui, un complexe de cinéma. Il faut maintenant tourner à droite, en Nexirue, voie de sombre mémoire qui, au Moyen-âge avait le triste privilège d’héberger le gibet qui servait aux exécutions.
Après avoir longé sur la droite, une belle façade ornée de têtes et de médaillons, on parvient à l’Hôtel de Gargan. Cette vaste et austère bâtisse gothique date du XV° siècle. Elle symbolise l’influence des banquiers italiens, installés à Metz, qui imposèrent leur style comme l’exprime la façade crénelée, dissimulant la toiture. Ce grand bâtiment accueillait, au XVII° siècle, une salle de jeu de paume qui, comme souvent, se transforma en salle de spectacle puis premier théâtre de la ville jusqu’à la construction du Théâtre, Place de la Comédie, vers 1750. En poursuivant dans la même rue, sur le côté gauche, au N° 22, maison avec belle façade Napoléon III, dans l’esprit Renaissance.
Au bout de la rue, tourner à droite dans la rue Poncelet pour arriver à l’angle de la rue aux Ours. On arrive sur un ensemble de bâtiments appartenant à l’armée, implantés dans ce qui fut, autrefois, l’abbaye Saint Arnould. A l’origine (VII° siècle), l’abbaye royale de St Arnould se trouvait « hors les murs », là où se situe maintenant l’hôpital Bon-Secours. Détruite par les Huns puis reconstruite, elle fut la nécropole familiale de Charlemagne.
Charles Quint, lors du siège de Metz en 1552, porta un coup fatal à la vénérable abbaye bénédictine. Détruite, elle trouva refuge dans le couvent des dominicains (XIII°). Au XVII°, le monastère est reconstruit. Ces bâtiments, ainsi que le cloître, l’ancien réfectoire et l’ancienne sacristie subsistent et sont, depuis 1919, le siège du Cercle des Officiers.
En face, à l’angle des rues Poncelet et Haute-Pierre, est située la maison natale du poète Paul Verlaine (1844-1896) fils de militaire et qui quittera Metz dés l’âge de 6 ans. La porte de la demeure est caractéristique du style Louis XV messin, avec un décor losangé surmontant une tête féminine.
Arrivé à la rue Lasalle, faire un crochet sur la droite pour visiter l’intéressante église Saint Martin. Edifiée du XIII° siècle au XVI° siècle, elle réalise la transition du Roman tardif au Gothique flamboyant. Dans le court transept nord, un beau groupe sculpté représente, à gauche, rideau fermé, l’Ancien Testament et, à droite, rideau ouvert, une nativité polychrome expression du Nouveau Testament. La rue Tête d’Or nous ramène à l’extrémité de la rue Serpenoise quand elle devient rue Ladoucette, que l’on emprunte par la droite ; on arrive ainsi à la place Saint Jacques. Celle-ci doit sa place, depuis le XII° siècle à l’église qui la jouxtait, disparue en 1574. Considérée comme l’emplacement du Forum antique, la place Saint Jacques se révéla riche en vestiges gallo-romains, lors des travaux d’urbanisme aux XVIII° et XIX° siècle. L’œil est attiré par la colonne, haute de 80m, érigée au centre de la place ; à son sommet une statue de Vierge à l’enfant bénissant la foule. Cette statue fut érigée par Monseigneur Benzler en remerciement à la Vierge d’avoir préservé la ville des destructions pendant la première guerre mondiale. Un rare témoignage de l’Art Nouveau, une maison XVII° avec éléments dans l’esprit grec et enfin, à droite, une maison Luois XV avec fenêtres couronnées de têtes.
On poursuit en passant devant le Palais de Justice, lourde et imposante construction de 1776 et due à Clérisseau qui fut, entre autre, architecte auprès de Catherine II à la cour de Russie. A l’origine, Palais résidentiel du gouverneur militaire et des intendants de la Province des 3 Evêchés (Metz-Toul-Verdun).
Inachevé à la Révolution, il fut fini sous l’empire pour devenir Palais de Justice. Des sculptures, dans la cour, représentent le Duc de Guise et monsieur de La Fayette.
Il faut suivre le chemin en descendant en parcourant la rue W. Churchill pour tourner à gauche dans la rue des Clercs. On y voit dés l’entrée, un joli bâtiment orné, toujours dans le style Renaissance et d’époque Napoléon III. Tourner rapidement à droite, en Bonne Ruelle, pour rejoindre la rue Serpenoise. Sur l’angle d’une placette, au dessus d’un magasin, belle maison avec fenêtres ouvragées et balcons en fonte moulée. On remarquera sur le balcon du premier étage, donnant sur la rue Serpenoise, une représentation de Vulcain travaillant à la forge (amusante proximité avec l’enseigne Jennyfer qui souligne le balcon…).
La rue Serpenoise, axe principal de la cité, est l’antique « via Serponensis (route de Trêves à Lyon) qui tire son nom de l’appellation ancienne de Dieulouard, alors nommée « Scarpone » et traversée par cette voie romaine.
Un peu plus loin, sur la gauche, on peut voir, au dessus du magasin C&A, une intéressante façade, difficile à classer entre fin Art Nouveau et Art Déco, avec de beaux motifs en mosaïques montées en écailles, surmontant un ensemble de baies vitrées bien rythmées. Tout au long de la rue Serpenoise, il faut lever les yeux sur d’intéressantes façades d’immeubles de la période allemande ; par exemple, celle en grés rouge au dessus du magasin « Le Printemps » et comportant des sculptures en partie haute semblant représenter le commerce, l’industrie, l’éducation et les arts.
A ce propos, il serait bien que Metz et les messins portent un regard autre sur le patrimoine qu’a laissé « l’occupation allemande » de 1870 à 1918. En effet, aucun effort n’est entrepris pour mettre en valeur des édifices souvent intéressants, construits il y a maintenant un siècle. Il est évident que la période d’occupation a été durement ressentie mais l’identité d’un lieu se construit par stratification. Alors que disparaissent doucement celles et ceux qui ont connu, enfants, cette période, il est sûrement temps de globaliser le patrimoine de Metz pour en donner une lecture cohérente… En attendant, il ne faut pas espérer la moindre explication ou mise en valeur des constructions de cette époque dont certaines sont pourtant fort intéressantes et c’est regrettable.
Au carrefour d’en Chaplerue (la rue des chapeliers pour certains, des deux chapelles pour d’autres), beau magasin en grés rouge à la toiture haussmannienne. Tourner à droite et descendre en Chaplerue pour rejoindre la rue du Grand Cerf par la place du Quarteau (où l’on mesurait les denrées). Au passage, sur la gauche, dans la rue de la Chèvre on portera un regard rapide sur l’imposante et lourde église Notre dame, construite de 1665 à 1739, dans le style baroque. Lui fait face la chapelle de la Miséricorde, de style gothique (XIII°) en cours de restauration.
Retour à la rue du Grand Cerf pour y voir l’hôtel de Gournay, belle résidence particulière du Moyen-âge, profondément remaniée aux XVII° et XVIII) siècle et qui comporte encore de beaux vestiges, en particulier des fenêtres trilobées du XIV° siècle. La famille de Gournay, réputée à Metz, a été représentée par maints magistrats, maîtres-échevins, membres du clergé ainsi que par de célèbres militaires.
Prendre à droite la reu des Huiliers ; l’immeuble de commerce, à l’angle gauche, construit en 1910 par l’architecte Knobloch, comporte s’intéressantes sculptures de têtes et d’animaux.
Il faut revenir sur ses pas pour aller vers la rue de la Fontaine et la place Saint Nicolas.
La rue doit son nom à la Fontaine Saint Nicolas (XIV°) dont la version actuelle date de 1739. Ornée de statues d’enfants, elle abrite, dans une alcôve, la statue de Sœur Hélène qui organisa, durant la seconde guerre mondiale, un réseau d’évasion pour les prisonniers. En remontant cette même rue, il faut découvrir, au niveau d’en Nicolairue, sur la gauche, le remarquable Hôtel d’Heu. Symbole de la période d’épanouissement économique que connut Metz aux XIII° et XIV° siècle, il fut édifié en style gothique vers 1450 par une riche famille originaire de la Meuse. A remarquer le beau porche voûté qui abrite un escalier à double révolution, ainsi que de belles fenêtres à tympans. L’immeuble voisin, à gauche, conserve une série de fenêtres à tympans trilobés.
Chemin faisant en remontant la rue de la Fontaine ; on arrive à la très intéressante place Saint Louis. Implantée sur le tracé de l’ancien rempart romain du III° siècle, la place symbolise le développement et l’ouverture de la cité. Ce sont les banquiers italiens (encore eux…) qui créèrent ce vaste espace bordé de hautes maisons à arcades et qui constituait, à l’origine la place au change. Ce sont près de 60 échoppes de changeurs qui étaient ainsi installées sous les arcades, au Moyen-âge. Les maisons qui ceinturent la place, construite à la manière italienne, en vogue à ce moment, cherchaient, pour certaines, à ressembler à de petits châteaux-forts, avec leurs façades crénelées dissimulant les toitures en retrait. On devine encore, malgré de nombreux remaniements, de typiques fenêtres trilobées.
De la fin du Moyen-âge au XX° siècle, la place Saint Louis devint lieu d’accueil pour de grands marchés pour les produits frais et les légumes. En bout de la place remonte, sur la gauche, la rue de la Tête d’Or, ancienne rue des auberges dont l’une donna son nom. On peut encore voir aujourd’hui 3 têtes gallo-romaines encastrée dans le tympan d’une maison, au bas de la rue.
Quelques maisons retiennent l’attention : au numéro 14, près de la pharmacie, porte avec tête de lion et cartouche orné sur le tympan mais c’est surtout, bien que d’époques différentes, les 3 constructions qui encadrent l’entrée du centre commercial Saint Jacques qui captent le regard.
On quitte la place Saint Jacques par la rue Ladoucette qui rejoint en Fournirue, que l’on remonte vers la gauche pour parvenir ) la place d’Armes, au pied de la Cathédrale Saint Etienne. L’édifice gothique que l’on peut contempler aujourd’hui plonge ses racines dans le sanctuaire primitif du V° siècle qui, seul épargné lors du sac de la ville par les Huns, vit le rétablissement de Louis le Débonnaire en 835 et le couronnement de Charles le Chauve en 869. Succèdera à ce sanctuaire vénérable, une basilique romane qui résistera à peine 2 siècles à la vague montante du gothique. Entreprise dés 1220 sous la conduite de l’architecte Pierre Pérat, la construction durera près de 3 siècles, sa bénédiction ayant lieu le 11 avril 1552.
Cathédrale monumentale, Saint Etienne vaut surtout par l’élévation de sa voûte et la riche diversité de ses verrières, son aspect extérieur étant plutôt désuni.
De la Cathédrale, il reste quelques mètres à faire pour arriver place de Chambre, notre point de départ.