C’est encore le temps des vacances et je vous invite à faire un agréable détour par le nord de l’Italie pour visiter successivement Verona, Bergamo, la Valtellina et enfin, le lac de Côme.
Verona
Le point de départ est Verona, avec pour prétexte supplémentaire de profiter de son festival d’Opéra aux arènes de la ville. Ce festival (88° édition en 2010), propose tout au long de l’été 5 spectacles en boucle. Cette année, les magnifiques arènes romaines accueillaient selon les jours, Aïda, Carmen, madame Butterfly, le Trouvère ou encore Turandot. Il faut bien reconnaître que c’est là un moment unique dû en grande partie au caractère exceptionnel du lieu plus qu’à l’interprétation elle-même...
Si la ville est auréolée de la légende de Roméo et Juliette, le centre de Verona, bien restauré, présente un large choix d’édifices de qualité. On peut commencer par le Castelvecchio, le “vieux château“ des Scaglieri (XIII°-XIV) siècles, qui accueillit l’empereur Napoléon à plusieurs reprises. C’est aujourd’hui un musée. En suivant le Corso Cavour, on s’intéressera, sur le côté droit à l’église de San Lorenzo. Construite dès le IV° siècle, elle fut reconstruite après le tremblement de terre de 1117, dans le style roman clunisien adapté à la manière lombardo-vénitienne. L’édifice, très pur se caractérise par la présence de cinq absides. De là on peut rejoindre le Duomo (la cathédrale) en suivant les rives du fleuve Adige par la via Diaz puis le lungadige Panvinio. La Cathédrale Santa Maria Matricolare, érigée à partir de 1139 sur une ancienne église est formée d'un ensemble de plusieurs édifices qui comporte le baptistère de San Giovanni in Fonte, l'église de Santa Elena, le cloître des Chanoines, la bibliothèque du Chapitre et l'Évêché.
En suivant la via Duomo on rejoint Santa Anastasia, église gothique édifiée par les Dominicains à partir de la fin du XIII°. De là on parvient à la Piazza dei Signori, cœur historique de Verona.
En son centre, une statue de Dante rappelle que les Scaglieri l’accueillirent durant son exil de Florence. Ce bel espace est entouré des palazzo de Capitano, résidence du gouverneur et palazzo Scaglieri, de la Torre dei Lamberti, de la loggia del Consiglio, (Renaissance) et de l'arc della costa, du nom de l'os de baleine exposé au regard de tous. Tout à côté sont rassemblés les tombeaux de la famille Scaglieri qui jouxtent Santa Maria Antica. Ensuite, les pas mènent naturellement à la vaste Piazza del Erbe, ancienne place du marché, ornée d’un lion ailé dressé sur une colonne, rappelant la domination vénitienne de 1405 à l’invasion française en 1796. Cette rapide visite de Verona peut se conclure par la découverte de l’église San Fermo, par la via Capello, puis retour aux arènes. Vérone est une ville très agréable à vivre pour peu que l’on ignore les lieux prétendus et légendaires ayant accueilli Roméo ou Juliette et profite d’un calme appréciable pour une déambulation au fil de nombreux monuments intéressants.
Quittant Verona pour rejoindre le lac de Côme, une étape à ne pas manquer : Bergamo !
Bergamo
La veille ville haute réserve d’intéressants édifices à découvrir. On accède à la ville haute par une rampe qui franchit les fortifications du XVI° siècle. Par la via San Lorenzo, on grimpe, à pied jusqu’à la Piazza Vecchia (Place vieille), bel espace orné en son centre d’une fontaine. On retrouve à nouveau le fier lion vénitien de Saint Marc sur la façade du Palazzo della Ragione. A proximité, le beffroi (campanone) surveille les alentours du haut de ses 52 m. Une étape à ne pas manquer, sur la place, le café del Tasso, lieu historique depuis 1476 et connu à cet époque comme “Locanda delle due Spade) elle prend le nom du poète Torquado Tasso en 1681. Ce lieu mythique sera bien sûr associé au Risorgimento, accueillant les volontaires bergamasques pour suivre Garibaldi. Bref, un lieu incontournable, de qualité et à l’accueil charmant.Une agréable promenade par la via Gombito jusqu’à la Piazza Angelini permet de revenir par la via Donizetti (natif de Bergamo) puis la via Vitali et de découvrir là une succession de beaux monuments tels la basilique de Santa Maria
Maggiore (XII°-XIV°), la chapelle Coleoni, le baptistère (XIV°)et le palais du Podestat (XII°-XV°). Sur la droite on retrouve le Duomo. Bergamo est réellement une petite cité pleine de charme qui mérite très largement le détour.
De Bergamo, on peut rejoindre directement le lac de Côme par Lecco puis aller jusqu’à Varenna. Cette jolie cité très photogénique est l’un des points d’embarquement pour les nombreux ferries qui assurent les liaisons sur le lac de Côme. De là on embarque pour rejoindre Menaggio, base idéale pour la découverte de la région. Une escapade vers le nord, vers la Valtellina, en remontant la rive droite du lac en direction de Dongo permet de rejoindre Morbegno où une visite s’impose à l’une des plus extraordinaires épiceries qu’il soit possible de “visiter“. La maison Ciapponi, à la fois épicerie, droguerie, fromagerie et cave à vins, érigée sur plusieurs niveaux de caves propose, entre autre, des fromages affinés de plus de 12 ans d’âge et des vins exceptionnels. Un lieu hors du temps à voir sans faute !
Le centre ville est également digne d’intérêt avec l’église et le couvent de San Antonio et son cloître. Poussant plus loin dans la Valtellina, on pénètre dans une région viticole où la culture de la vigne se fait en terrasse sur le piémont des Alpes. Les vins sont de qualité et accompagnent l’excellente Bresaola, viande de bœuf coupée en fines tranches. (Une adresse utile où déjeuner agréablement en profitant des spécialités locales : Ristorante Pizzeria Altavilla Via Dogana, 1 23029 VILLA DI CHIAVENNA (SO) Phone +39 0343 38606)
Cette enclave profonde au cœur des Alpes est à découvrir tant pour la beauté des ses paysages que pour l’art de vivre qui en émane.
Le lac de Côme
Ce lieu est envoûtant et l’on comprend mieux l’enthousiasme qu’il a provoqué chez les romantiques, de tout temps. Tout est en place pour un spectacle visuel permanent et de haute qualité. Pour raconter toute la potentialité de cet ensemble de trois lacs raccordés en y (Côme, Lecco, Colico), il faut déjà en parcourir les 140 km de rives… Pour cette première approche nous nous limiterons à la proche région de Menaggio et aux lieux remarquables à découvrir. Ce sont des classiques mais on ne peut y échapper !
Sans ordre particulier, la Villa la Collina à Griante/Cadenabbia, sera notre première destination. Villégiature du chancelier Konrad Adenauer dès 1959, cette sobre villa sur un parc escarpé de 3 hectares, abrite aujourd’hui l’Académie Konrad Adenauer, lieu de réflexion à la mémoire de ce grand acteur de la paix dans le monde. On peut y séjourner et l’endroit très au calme, mérite que l’on s’y intéresse.
Seconde étape, l’incontournable Villa carlotta et ses 7 hectares de jardins et de musées. On peut y contempler plus de 150 variétés d’azalées, ainsi que des jardins à thèmes. La villa elle-même, sobre, érigée à la fin du XVII° siècle, connut l’apogée de sa splendeur quand elle appartint à Gian battista Sommariva, ami de Napoléon qui l’orna de remarquables œuvres d’art. Enfin, la princesse Marianne de nassau offrit la villa en cadeau à sa fille Carlotta quand elle épousa Georges de Saxe-Meiningen.
La découverte suivante est la villa del Balbianello. On retraverse le lac pour y accéder directement. C’est à la fin du XVIII° siècle que le cardinal Durini acquiert la pointe de Lavedo pour y faire construire une villa isolée. Un petit couvent de capucins se tenait en place jusqu’au XVI° siècle dont la petite chapelle reste l’unique témoignage. A la mort du cardinal (1797), la villa revint à Luigi Porro Lambertanghi, son héritier, qui en fit un lieu de méditation et de rendez-vous pour francs-maçons. Forcé à l’exil, Luigi céde la propriété à Giuseppe Arconati Visconti qui redonne tout son lustre à la villa qui sera fréquentée par de nombreux écrivains dont Manzoni. Les années passent et la villa Balbianello restera abandonnée pendant 39 ans jusqu’à ce que le général américain Butler Ames en fasse l’acquistion et y entreprenne d’importantes restaurations. Rachetée par Guido Monzino, entrepreneur milanais et homme de culture, la villa connut sa transformation partielle en musée privé. Grand voyageur, Monzino, à sa mort, légua la villa au FAI (équivalent du National trust anglais) qui en assure aujourd’hui la gestion et l’entretien. C’est sans doute l’un des lieux les plus emblématiques du lac de Côme où la beauté naturelle des lieux le dispute à la grande qualité de la construction et des collections. Pour changer des prestigieuses villas, si nombreuses sur les rives du lac, après une visite à Bellagio, lieu finalement assez convenu d’où se détache la basilique saint Jacques, on rentrera dans les terres pour aller visiter l’extraordinaire Mont sacré d’Ossucio.
Le Mont sacré d’Ossucio
Là, sous le sanctuaire de la Madonna del Soccorso, sont réunies pas moins de 14 chapelles qui relatent la vie et la passion du Christ. Les neuf Monts Sacrés de l’Italie du nord sont des groupes de chapelles et d'autres ouvrages architecturaux érigés entre le XVIe et le XVIIe siècle, consacrés à différents aspects de la foi chrétienne. En plus de leur signification symbolique et spirituelle, ils possèdent de grandes qualités de beauté, de vertu et d'agrément, et sont intégrés dans un environnement naturel de collines, de bois et de lacs. Ils comportent aussi des pièces artistiques très importantes (fresques et statues)”. Par cette motivation, en 2003 l’UNESCO a inscrit le site des “Monts Sacrés du Piémont et de la Lombardie” sur la Liste du Patrimoine Mondial. Cette prestigieuse inscription attribue une valeur universelle à sept Monts Sacrés du Piémont (Belmonte, Crea, Domodossola, Ghiffa, Oropa, Orta et Varallo) et à deux de la Lombardie (Ossuccio et Varese), en attirant l'attention sur la richesse extraordinaire, la qualité et la valeur de ces bijoux de l'histoire, de l'art et de la nature. La série des chapelles qui, à travers les statues, les peintures et les fresques, racontent les épisodes et es mystères de la vie sacrée s'amalgame au contexte environnemental accueillant et contribue à définir les caractéristiques de chaque ensemble monumental.
Précieux exemples d'architecture du paysage, les Monts Sacrés sont un point de rencontre important pour les fidèles et les amateurs de l'art. De l'arc des Alpes, où le phénomène est né il y a plus de cinq cents ans, les Monts Sacrés ont inspiré par la suite des modèles similaires réalisés dans une grande partie de l'Europe catholique. Les sept Monts Sacrés piémontais sont intégrés au système des Zones protégées de la Région Piémont qui se charge de leur conservation historique et artistique, de leur entretien et de la protection de la nature environnante.(source sacrimonti.net)
Situé sur le côté occidental du Lac de Côme, le Mont Sacré d'Ossuccio est un lieu de dévotion situé sur une pente immédiatement derrière Ossuccio (419 m d'altitude), en face de l'île Comacina, dans une superbe position panoramique dominant le lac.
Les travaux de réalisation du Mont Sacré commencèrent en 1635 près du sanctuaire de la Madone du Secours, du XVIe siècle. Les fondateurs ou promoteurs ne sont pas connus, mais l'ensemble dévotionnel semble être né à l'initiative des Franciscains et des familles nobles locales.
Le Mont Sacré est constitué de quatorze chapelles consacrées aux Mystères du Rosaire, réalisées entre 1635 et 1710. Les chapelles sont distribuées le long du parcours ascensionnel qui conduit au sanctuaire de la Madone du Secours, à l'intérieur duquel se trouve le dernier édicule. L'ensemble des chapelles, entourées de végétation et reliées entre elles par un chemin caillouteux qui longe des cultures d'oliviers, confère à l'ensemble une grande harmonie entre l'architecture et le paysage.
Les formes des constructions varient entre les chapelles rectangulaires baroques et les chapelles à plan central. Les arcades qui, sur de minces colonnes, s'étendent sur toute la largeur de la route afin de créer un lien étroit entre l'itinéraire et chaque édicule, constituent une particularité architecturale intéressante.
Le Mont Sacré est peuplé de deux cent trente statues en stuc et en terre cuite. Les ouvrages dont la paternité est documentée sont les sculptures d'Agostino Silva et les fresques de Carlo Gaffuri, Innocenzo Torriani et Gian Paolo Recchi. Par contre, il n'y a pas de documents sur les auteurs des quatre première chapelles (Annonciation, Visitation, Nativité, Présentation au Temple). (source sacrimonti.net)
Station 1 L’annonciation
Station 2 La visitation
Station 3 Naissance de Jésus
Station 4 Présentation de jésus au Temple
Station 5 Jésus et les docteurs au Temple
Station 6 Oraison
Station 7 La Flagellation
Station 8 Le Couronnement
Station 9 La montée au calvaire
Station 10 La crucifixtion
Station 11 La Résurrection
Station 12 L’Ascension
Station 13 La descente du Saint Esprit
Station 14 L’ascension de la Vierge
Séjournant à Loveno, surplombant Menaggio, il reste à se promener agréablement dans les vieilles ruelles du village qui mènent vers la Villa Vigoni, déambulations délicieuses, loin du bruit et de l'agitation. Enfin, depuis le promontoire de Loveno, il y a cette vue somptueuse sur le Lac de Côme et sur les cîmes quile contiennent. Vision sublime et sans cesse renouvellée.
Merci à Gaby et Jürgen Hartmann pour leur hospitalité, leur gentillesse et leur passion communicative de ctte belle contrée