La découverte de l’Art Nouveau en Europe se poursuit par une visite rapide mais fort intéressante d’un concept assez rare de colonie d’artistes regroupés autour d’un site fédérateur, la “Mathildenhöhe“ à Darmstadt.
Fondée par le Grand-Duc, Ernst Ludwig, en octobre 1899, cette colonie rassemblait architectes, sculpteurs et peintres. Contemporain du “Wiener Werkstätte“, le Jugendstil comme l’Art Nouveau en France, la “Sécession“ en Autriche ou le Modernisme en Espagne s’inspire des réflexions menées au Royaume-Uni par William Morris et qui virent l’émergence du mouvement “Arts & Crafts“. Tous ces mouvements ont en commun de s’opposer à la standardisation engendrée par la révolution industrielle et avaient pour objectif de redonner primauté à l’artiste et à son talent créatif. L’ensemble de ces mouvements va s’épanouir en Europe entre 1890 et 1914.
Le sujet du jour se situe donc en Allemagne, à Darmstadt. Le Grand duc de Hesse, esprit brillant et moderne est convaincu de la place qu’il faut donner à la création artistique dans le développement de son territoire, en harmonie avec le développement industriel qui va de pair. Aussi va-t-il inviter en résidence sept artistes et les installer sur la Mathildenhöhe. Des édifices sont construits à leur intention pour leur permettre d’y montrer leurs productions. C’est un collaborateur d’Otto Wagner (Wiener Werkstätte), Joseph Maria Olbrich, qui deviendra chef de file de la colonie de 1898 à 1908, année de sa disparition. Sont réunis là des architectes, des peintres, des sculpteurs, des orfèvres, des céramistes, des décorateurs, tous collaborant à la réalisation d’un ensemble homogène idéalisant un nouveau concept de la vie moderne et faisant lien entre beauté, simplicité et fonctionnalité.
De nombreuses expositions auront lieu en 1901, 1904, 1908 et 1914.
Le bâtiment conçu par Olbrich pour accueillir la colonie fut édifié en 1900 et accueillit la première exposition à partir du 15 mai 1901 sur le thème : “Un document sur l’Art Germanique“. En même temps que la résidence d’Ernst Ludwig furent édifiées les premières villas, témoignant de cette nouvelle orientation artistique qu’était le “Jugendstil“.
La colonie d’artistes de Darmstadt témoigne encore aujourd’hui d’un engagement sincère dans la fondation d’un art moderne. Reconstruites ou restaurées à l’identique après les bombardements alliés de la seconde guerre mondiale, les maisons et habitations sont regroupées sur une espace arboré relativement restreint autour de la “Maison Ernt Ludwig“ qui fut une sorte de maison-atelier au sein de laquelle put se déployer toute la créativité des artistes qu’elle accueillait. La maison “Maison Ernt Ludwig“ est aujourd’hui un musée consacré aux œuvres réalisées du temps de la colonie d’artistes.
La déambulation sur cette colline “enchantée“ se fait sans difficulté, bien que manquant de signalétique et d’information à proximité de chacune des réalisations. Un panneau d’ensemble quelque peu défraîchi donne une information suffisante sur le site.
L’insolite chapelle Russe fut construite en 1899 pour le Tsar Nicolas II, époux de la sœur du Grand-Duc Ernst Ludwig.
Un grand merci à Gaby et Jürgen Hartmann qui nous ont permis de découvrir ce site passionnant.