Alsace, sur la route des vins en automne



Première approche de l’Alsace avec un circuit des plus classiques, empruntant la Route des Vins, à la découverte d’une contrée riche en sites de qualité et à l’accueil chaleureux.
Cette première balade dans le vignoble alsacien et à Colmar permet de (re)découvrir des lieux et des sites qui ont fait l’objet de restaurations et de mises en valeur de grande qualité.


Pour parcourir (partiellement) cette Route des Vins, le camp de base est établi à Kientzheim, charmant et paisible village qui jouxte Kaysersberg et l’on peut recommander de séjourner à l’Abbaye d’Alspach, hôtel confortable et sans prétention, installé dans les bâtiments d’un couvent remontant au XI° siècle (pas de restaurant).
Pour dîner, on pourra sans hésiter réserver à l’hostellerie Schwandi.

KIENTZHEIM
L’une des extrémités de Kientzheim (c’est un village-rue) est protégée par une porte incluse dans les fortifications et surmontée d’une bouche de tir en forme de visage grimaçant propre à faire reculer l’assaillant… Le village regorge de maisons familiales à colombages, de places, de puits, le tour du site pouvant se faire en suivant un agréable chemin qui longe le rempart et qui offre de beaux points de vue sur les vignobles.
Le château (XVI°) abrite aujourd’hui la docte Confrérie de Saint-Etienne, société experte qui fait œuvre de reconnaissance des meilleurs crus locaux.
De ce joli point de départ qu’est la calme Kientzheim, à l’écart de la foule touristique, on se rend à Kaysersberg, seulement distante de quelques centaines de mètres.


KAYSERSBERG
La ville est connue de tous, portée par la réputation du docteur Albert Schweitzer (1875-1965), théologien, philosophe et musicien, Prix Nobel de la Paix, enfant du village et dont la maison natale est voisine du musée qui lui est consacré.
Dominée par les ruines de son château (origine du XIII°), Kaysersberg s’étire de part et d’autre de la rue central qui la traverse. Au centre, sur une petite place ornée d’une belle fontaine du XVI° se dresse l’église Sainte-Croix dans laquelle on pénètre par un intéressant portail roman. A l’intérieur se remarque le retable (1518) de Jean Bongartz ainsi qu’un beau groupe autour d’un christ sur la croix. Agréable déambulation dans le village, fortement converti à l’accueil touristique, en se laissant porter de maison en maison et en goûtant tout le charme d’une architecture chaleureuse et riche, souvenir du temps (XIV°) où Kaysersberg eut rang de ville impériale. De Kayserberg, on se rend à Riquewhir.


RIQUEWHIR
Classé parmi les “Plus Beaux Villages de France“ qualification méritée mais qui, par extension, devrait englober les villages voisins, Riquewhir est comme nichée au sein de sa double enceinte qui recèle un grand nombre de maisons à colombages érigées du XV° au XVIII° siècles. Toutefois, l’accès à la vieille cité n’est pas ce qui se fait de mieux, en particulier l’aménagement style pont de bateau en teck, sur les anciennes douves, frisant la faute de goût… d’autant que l’austère Hôtel de Ville de 1809 qui suit, n’est pas très accueillant. Mais une fois rentré dans l’un des plus beaux villages de France, cela va mieux et l’on chemine en remontant la rue du Général De Gaulle qui traverse la cité de part en part. L’œil est mis en appétit par de belles demeures comme la maison Schickhardt de 1606 ou encore, juste après, avec l’imposante bâtisse de 1561 surnommée le “gratte-ciel“ à cause de son exceptionnelle hauteur de 25 mètres !... un exploit pour ce type de construction. Tournant sur la droite, au niveau de l’Office de Tourisme, on parvient, au calme sur la charmante place dite des “trois Eglises“ ; là sont réunies, en limite des remparts, l’église protestante (XIX°), l’église de pèlerinage Notre-Dame (XIV°) et la délicieuse petite église St Erard (XIV°), fondue dans le bâti environnant. De là, par la rue des Orfèvres, on rejoint l’axe central pour apprécier, successivement la Cour des Nobles de Berckheim (XVI°), puis la maison du gourmet
“A l’Etoile“ de style baroque (1680), la maison cloutiers aux impressionnants poteaux d’angles, propres à chasser les mauvais esprits ou les “malintentionnés“, pour arriver enfin à la Tour des Voleurs, haute de 18 mètres et remaniée au XV° siècle. De l’autre côté se trouve le beffroi qui lui, du haut de ses 25 m, domine et surveille la contrée depuis 1291. Reprenant la rue du Cerf on passe par la maison Ortlieb pour ensuite redescendre par les remparts pour voir la cour de l’abbaye d’Autrey, ensemble homogène du XVI°, puis la cour de Strasbourg (1324), là où l’évêque  percevait la dîme.


HUNAWIHR
Charmante étape entre les deux “monstres“ que sont Riquewihr et Ribeauvillé, Hunawhir est lovée au pied d’un petit mont couronné par l’église Saint-Jacques-le-Majeur (XV°-XVI° siècles). Plus modeste que ses prestigieuses voisines, Hunawihr propose une étape reposante où l’on retrouve sans doute un peu de l’authenticité perdu par ailleurs… La montée à l’église depuis la fontaine et le lavoir se fait à travers vignes. On redescend de la colline en suivant la rue de l’Eglise puis le Grand-rue. Ici, le “ripolinage“ forcené n’a pas encore frappé, les façades sont un peu défraîchies et c’est tant mieux… à signaler, chemin faisant, la Halle aux Blés (XVI°-XVII°) de style Renaissance. Ribeauvillé est tout proche et attend notre visite.

RIBEAUVILLE
Village tout en longueur, comme de coutume, suivant le cours de la rivière, Ribeauvillé est tapie en fond de vallée sous l’ombre bienveillante des massifs qui la dominent.
C’est là haut que se trouvent les châteaux de St Ulrich, Girsberg et Haut-Ribeaupierre.
La légende raconte qu’au XIII° siècle, deux des trois châteaux étaient occupés par deux frères. Léon résidait dans le château de St Ulrich cependant que Jean était dans celui de Girsberg. Ayant entendu dire qu’un ours rôdait aux environs, ils décidèrent d’aller le chasser le lendemain. Selon leur habitude, le premier éveillé devait le signaler à l’autre entirant une flèche dans le volet de sa fenêtre, les deux châteaux étant forts proches.
Au lever du jour, Léon s’éveille et, avec son arbalète, vise la fenêtre du Girsberg où dort son frère Jean. Le malheur voulut que celui-ci ouvrit le volet au même moment et reçut le carreau en plein cœur…
Il existe de cette légende différentes versions et je vous invite à découvrir un site bien documenté sur le sujet :
http://legende-et-realite.blogspot.fr/2009/10/la-legende-des-deux-freres-de.html
Ribeauvillé, pour revenir à la réalité, est tout aussi charmante que sa voisine Riquewihr et possède également un beau patrimoine architectural, témoignage d’un passé prestigieux. Là aussi, on remonte la Grand-Rue pour apprécier tant de belles maisons et façades soigneusement décorées et minutieusement restaurées. Au passage, on remarquera “Pfifferhüss“, ancienne auberge des ménétriers dont la confrérie existait déjà en 1390. Vient ensuite l’étonnante auberge à l’Eléphant (1522), puis de nombreuses maisons ornées d’oriel jusqu’à parvenir Place de la Mairie où de dresse la Tour des Bouchers ‘1290, rehaussée en 1536 pour culminer à 29 m de haut. On poursuit par la Place de Sinne en direction de l’ancienne Forge et Moulin du Seigneur pour arriver à la Place de la République. On pourra alors se laisser aller dans le dédale de petites rues, au gré de sa curiosité ; cela réserve bien des surprises…
Avant de se rendre à Colmar, on pourra aller jusqu’à Bergheim. Cet intéressant village médiéval à la double ligne de fortifications qui comporte encore 9 tours est un lieu des plus accueillants, son histoire en atteste : en effet, un droit permettait à toute personne pourchassée pour dettes, crimes non prémédités et excusables, de trouver refuge à Bergheim. Ce droit d’asile est symbolisé par la sculpture du Lack’Mi, personnage disgracieux, près de la Porte haute (copie de 1997 remplaçant l’original de 1534 disparu en 1852).
Pour conclure cet agréable week-end, on se rend à Colmar
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COLMAR
Voilà une des villes les plus agréables qui soient pour le touriste aimant à déambuler. Tout semble fait pour lui faciliter la vie et lui donner envie de parcourir la ville à satiété et les prétextes ne manquent pas… On aura donc plaisir à abandonner sa voiture dans une des parkings périphériques pour, de là , partir à le découverte de Colmar. La première visite sera pour le Musée d’Unterlinden. Après avoir apprécié, au rdc, peintures et sculptures témoignant de l’Art Rhénan, c’est bien sûr le remarquable Retable d’Issenheim (1512-1516) qui catalyse l’attention des visiteurs. C’est l’artiste Mathias Gothardt Neithardt, également nommé Grünenwald, réalise là un chef d’œuvre d’un grand rayonnement et d’un expressionisme exacerbé par l’emploi de couleurs vives et contrastées, étonnantes pour l’époque. Depuis le Musée on se rend à la Maison des Têtes (169-09) se style Renaissance puis l’on rend visite à l’église des Dominicains. De là, on peut aller droit vers le Marché Couvert, bel endroit marchant et convivial qui jouxte le quartier dit de la “Petite Venise“. On suit alors nonchalamment le quai de la Poissonnerie bordée de petites maisons de pêcheurs très colorées pour rejoindre l’ancien Marché aux Légumes. Revenir ensuite vers la place de l’Ancienne Douane ou “Koifhus“, splendide construction du XVII° siècle. A proximité, le Musée Bartholdi rappelle que le grand sculpteur (1834-1904) est une enfant de Colmar, même si sa plus célèbre réalisation, la Statue de la Liberté marque l’entrée du port de New-York.
Rien n’est plus plaisant que de se perdre au gré des rues et passages au cœur de la ville, où tout est sujet de découverte et de ravissement tant la ville est belle.
Une bien jolie cité donc, qui appelle à y revenir bien vite pour la connaître plus intimement ; cela fera prétexte à une prochaine visite…