Circuit au pied des grands Causses


 

Remontant du sud vers le nord, il il est toujours agréable de prendre les chemins de traverse pour rompre la monotonie des autoroutes qui, si elles sont sûres et rapides, ont parfois tendance à abolir les paysages. Ce n'est pas entièrement vrai pour l'A75 qui offre à la vue des paysages remarquables jusque Clermont-Ferrand.


Déjà, au niveau de Lodève, voici une invitation à une première échappée pour aller visiter le remarquable, mais peu connu, prieuré de Saint-Michel-de-Grandmont.
On sort donc à l'échangeur de Lodève pour emprunter la D153 en direction de Saint-Privat. Après 8 Km, on parvient sur le site qui est sur la droite.
Le Prieuré de Saint-michel de Grandmont
Au milieu du XIème siècle, la vie monacale connait un profond renouveau. Fuyant le confort matériel, des hommes pieux et sincères vont œuvrer pour un retour à une vie monastique privilégiant la solitude, favorable à la prière et à la contemplation.
Ce fut le cas d'Etienne de Muret qui, vivant en ermite dans la forêt, fut rejoint par des disciples, formant ainsi le noyau d'une communauté spirituelle.
A sa mort, en 1124, la communauté vint s'installer sur un haut plateau granitique du nom de “Grandmont“. Le nouvel ordre qui s'y installa prit le nom du lieu. Le prieuré de la communauté de Grandmont fut consacré en 1166. Une partie significative des bâtiments actuels datent de cette époque et font de cette période un témoignage rare.
Saint-Michel-de-Grandmont est le parfait exemple d'une architecture et dépouillée, sorte de préfiguration de ce que sera le premier art cistercien. L'église, à nef unique voûtée en berceau, possède un chevet en cul-de-four éclairé par trois fines lancettes. Dans le cloître , sobre et bien conservé, on remarquera les appuis de colonnettes très particuliers. Le lieu où est implanté le prieuré est chargé d'histoire ; depuis les temps préhistoriques, l'implantation humaine et spirituelle est forte et cela se ressent...
Après cette belle découverte on reprend l'A75 là où on l'avait quittée pour remonter vers le nord. Une fois franchi le viaduc de Millau, je vous invite à un circuit d'une centaine de kilomètres qui permet la découverte de la bordure ouest du Causse Méjean et d'apprécier de beaux villages et bourgs tapis en fond de vallon, qu'il s'agisse des Gorges du Tarn ou des Gorges de la Jonte.
On quitte donc l'A75 à la sortie 44.1. De là, la D94 au niveau du Col d'Engayresque permet de rejoindre Le Rozier, village situé à la convergence des gorges du Tarn et de la Jonte. On est au pied de la pointe ouest du Causse qui domine massivement le village au nord. Au sud, c'est le Causse Noir qui vient plonger sur Peyreleau, le village voisin.
Le nom de la commune “Le Rozier“ viendrait des moines de l'Abbaye d'Aniane qui bâtirent là, en 1075, le monastère Saint-Sauveur où ils cultivaient la rose. Il en reste l'église, classée M.H. Peyreleau, de l'autre côté du bras de rivière, est un beau village dont il subsiste des vestiges d'enceinte. Le vieux château, ruiné dès la fin du XVème siècle, servit de carrières pour l'édification du château de Triadou, au cœur du village. On déambulera dans le lacis de ruelles hautes qui font découvrir un habitat presque troglodytique, bien conservé, au charme certain. La tour carrée ou “Tour de l'Horloge“ qui domine le village fut édifiée en 1617 à l'emplacement de l'ancien château.
De Peyreleau, on s'engage dans les Gorges de la Jonte, entre Causse Méjean à gauche et Causse Noir à droite en suivant la D996 pour rejoindre la ville de Meyrueis. Nous sommes dans la Parc National des Cévennes. Meyrueis fut et reste un carrefour commercial important, plongeant ses racines dans la période gallo-romaine, dès le 1er siècle de notre ère et dont les grandes foires remontent au XIème siècle.
Aujourd'hui encore, la tradition est maintenue avec, en particulier, la Foire de Saint-Michel qui se tient là pendant 10 jours à la fin du mois de septembre. La ville fut une place forte du protestantisme pendant plus d'un siècle. On peut encore voir le Temple reconstruit vers 1840. La grosse tour ronde dite de l'Horloge (1568) rappelle le passé fortifié de la ville, l'ancien château étant alors placé un peu plus haut, là où est maintenant  la Chapelle ND du Rocher. Des portes (Mejeanne, Prieirou) ainsi que des traces de remparts subsistent.
Meyrueis, avec une population de plus de 800 habitants reste un bourg animé et attractif.  Tout proche se trouve le château d'Ayres, édifié sur un premier bâtiment monastique du VIIème siècle. Riche d'une histoire tumultueuse, le château converti en hôtellerie eu le privilège de recevoir le général De Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer à l'occasion d'une discrète rencontre.
De Meyrueis, on va maintenant monter sur le merveilleux Causse Méjean par la D986 pour rejoindre La Parade. A gauche est indiqué l'Aven Armand, remarquable ensemble de grottes célèbre pour ses stalagmites, découvert en 1897 par Louis Armand (1854-1922) dont on a pu voir la statue au Rozier. La traversée du Causse se poursuit vers le nord pour ensuite amorcer la descente vers le beau village de Sainte-Enimie, dans un environnement des plus spectaculaires. A l'origine du village on trouve une abbaye bénédictine, édifiée, à l'époque, dans ces lieux forts calmes. Autour se sont agrégés au fil des siècles les maisons qui font aujourd'hui le village. On rendra visite à Notre-Dame-du-Gourg, belle église romane de la petite cité. Sainte-Enimie, surplombée au nord par le Causse de Sauveterre doit son nom à Enimie, sainte du VIIème siècle et princesse mérovingienne de son état. Cette fille de Clotaire, lépreuse, aurait été guérie par les eaux de la Burle. En remerciement, elle fonda là un monastère qui, plus tard, devint bénédictin. Là encore, on appréciera de se promener en suivant les ruelles escarpées, jusqu'en haut du village. C'est bien sûr un lieu à apprécier en basse-saison car inaccessible et surpeuplé autrement !
Nous sommes maintenant sur les rives du Tarn. On en suit le cours en circulant sur la D907B dans un décor féerique pour arriver à un autre joyau, “La Malène“.
Célèbre pour ses bateliers qui permirent l'avènement du tourisme de découverte des Gorges du Tarn à une époque où les routes faisaient défaut, La Malène semble accrochée à la falaise, village vertical entre rivière et massif. Le manoir de Montesquiou, superbe demeure du XVème siècle, aujourd'hui confortable hôtel, fut sauvé de la destruction programmée des places fortes, en 1652, sur ordre de Louis XIII, par la volonté de Pierre de Montesquiou d'Artagnan qui parvint, en considération des services rendus à la couronne, à préserver son bien. Bien entndu, le village est à découvrir en circulant dans les étroites ruelles se faufilant entre les maisons accrochées à la montagne qui domine.
Au terme de cette agréable découverte “d'en bas“ de lieux qui sont plus souvent vus “d'en haut“, on rejoindra l'A75 par la D995 en passant par Massegros puis Séverac-le-Château, à proximité de l'échangeur 42.