Vallée du Ter et Lluçanès

Rencontres augustiniennes en Osona

Cette nouvelle pérégrination autour de Vic (décrite par ailleurs) explore le nord ouest de l'Osona avec, en particulier la découverte d"une jolie contrée, le Lluçanès. En remontant le cours de la rivière Ter, on appréciera le riche patrimoine industriel avant de porter attention et intérêt à la vie de saint Augustin.

Venant de Gérone, on emprunte classiquement la transversal C25, belle route qui rejoint Vic à travers un somptueux paysage vallonné et creusé, riche en tunnels et viaducs.  Arrivé dans les faubourgs de Vic par l’est, on suivra l’indication "Santa Eugenia de Berga“ qui emmène vers Calldetenes par la N141D sur la gauche puis la B 52, à nouveau sur la gauche, qui mène à Santa Eugenia de Berga. L’église se remarque par sa structure élancée. Si les premiers indices d’une église en ces lieux remontent à 974, c’est vers 1144 qu’est édifié l’édifice qu’il nous est offert de contempler aujourd’hui.
Santa Eugenia se caractérise par son plan en forme de croix latine avec une abside et deux absidioles.
Le remarquable clocher à deux étages repose sur une base octogonale prenant appui sur de fines arcatures en pierres aux tons alternés. On quitte les lieux pour traverser Vic et monter au nord en suivant la vallée du Ter par le C17.
Passant par le village de Vinyoles, on prendra le temps de faire halte pour monter dans le haut du village jusqu’à l’église qui accueillit le grand Jacint Verdaguer comme vicaire entre 1871 et 1873. Une statue en buste immortalise le prince des poètes catalans, chantre et ardent défenseur de la langue catalane dont le rétablissement au XIX° siècle lui doit beaucoup. On lui doit, entre autres, les textes aujourd’hui toujours appréciés de “l’atlantide“, de “Montserrat“ ou encore de “Canigo“.
Retour dans la vallée qui traverse l’Osona, toujours en suivant le cours du Ter. Passé le village d’Oris, il faut tourner à droite pour s’intéresser au patrimoine industriel de la région, en l’occurrence, la visite de la “Colonia Borgonya“. Colonia détermine, en Catalogne, un lieu industriel mêlant usine et habitat.
La “Colonia Borgonya“ fut l’une des plus importantes de Catalogne. Ancienne fabrique “Fabra et Coats“, elle est fondée en 1895 par le groupe écossais “Scottish coats“ sur les bords du Ter qui fournissait l’énergie à bon compte. Il s’agit aujourd’hui d’un gros village qui s’est greffé autour de l’outil industriel et qui se caractérise par un habitat individuel en bande où l’on trouve également école, terrains de sports, dispensaire, coopérative de fraternité, services sociaux, église, gare, bureau de poste sans omettre le pharmacien ni même le coiffeur, le tout encore en activité à ce jour !
C’est un lieu émouvant mais bien vivant ( il subsiste encore une activité industrielle bien que réduite) et un petit musée relate l’histoire du lieu et retrace la mémoire ouvrière.
(lien http://www.mitmanlleu.org/)

Quittant Borgonya, il faut reprendre la C17 en direction du Nord jusqu’à Sant Quirz de Besora puis tourner à gauche et prendre la Bd4654 en direction de Lluçà et pénétrer ainsi dans le Lluçanès (on peut si on le désire faire un crochet par Montesquiu pour y voir le château, fortement remanié au XX° siècle mais dont l’origine remonte au XIII°).
On traverse une belle contrée riche de terres dédiées à la culture mais aussi à l’élevage sur lesquelles sont érigées de puissantes et vastes fermes à l’architecture typique, marquée par de vastes voûtes en façades garantissant ombre et fraîcheur. On parvient à Lluçà en traversant Santa Eulalia de Puig Oriol, on est alors sur le Bv-4341.
C’est Santa Maria de Lluçà qui, bien sûr, accapare notre attention. Cette région, sujette à de fréquents tremblements de terre, a vu la reconstruction de Santa maria telle que nous la voyons aujourd’hui, au XIV°, bien qu’il soit fait mention du site dés l’an 905.
Conservant toutefois des substrats romans (le bois d’autel peint est une copie, l’original est au musée épiscopal de Vic), ce petit monastère augustinien se singularise par un cloître de dimension réduite, en forme de quadrilatère irrégulier, reposant sur 21 colonnes finement sculptées et ouvragées. Des restaurations au milieu du XX° siècle (1954) ont permis la découverte et la mise à jour de grandes fresques relatant la vie Saint Augustin et la vie du Christ, bien conservées sous l’enduit qui les avait recouvert pendant quelques siècles ; Un petit musée adjacent, animé par un monsieur charmant et passionné présente ces belles fresques réalisées vers 1360 et attribuées à un élève de Giotto, surnommé ici “le maître de Luçà“.

A propos des monastères augustiniens (nombreux dans la région)

S’inspirant de la pensée d’Augustin d’Hippone (354-430), père de l’église, ce sont les chanoines noirs, dont le siège était à Colchester (Angleterre) qui, dés 1105 diffusent leur pensée et développent leur mouvement et leurs implantations à travers l’Europe, sous la forme de petits établissements, voire d’ermitages. Aux XIII° et XIV° siècles l’Ordre des Augustins se structure et compte 34 provinces en 132.
Cette période concorde avec la reconstruction et l’embellissement de Santa Maria de Lluçà, par un ordre au faîte de sa puissance. L’augustinisme, toujours vivant et actif, inspira fortement la pensée des réformateurs protestants.

On s’éloigne de Lluçà, enchanté de cette découverte et l’on suit la C-154 pour prendre ensuite, à gauche, la direction de Prats de Lluçanès et emprunter la B432 en direction d’Olost. Tournant à droite en direction d’Orista et prendre la Bv-4404. A Orista, si elle est ouverte, on visitera l’église de Sant Andreu, construite sur une intéressante crypte préromane. Avant de rejoindre Vic, cap au sud en traversant la C25 pour filer droit sur l’Estany et visiter, sans faute, le monastère de Santa Maria de l’Estany. Cet autre édifice augustinien du XII° renferme un cloître élégant aux beaux chapiteaux sculptées reposant sur de rares colonnes jumelles.
Satisfait de toutes ces découvertes ; on peut alors rejoindre Vic par Moia en prenant la N141C qui franchit le col de la Pollosa. De Vic, on emprunte la C153 pour aller goûter un repos bien mérité au Parador de Vic Sau.