Vers les grandes vallées pyrénéennes
Ce circuit se déroule sur quatre journées et s'inspire des offres faites par la chaine nationale espagnole hôtlière des Paradores, proposant, dans les meilleures conditions de confort, un gîte et une table de qualité au terme de chacune des étapes.
Imaginée au départ de Perpignan, cette escapade d"environ 900km va autant s'intéresser à l'art roman qu’aux grandioses paysages de montagnes et va nous mener successivement à La Seu d’urgell, à Vielha puis enfin à Bielsa, chacun pouvant imaginer son retour avec, pour notre part, la recommandation de s’intéresser à Lleida.
On y côtoiera 3 cultures, catalane, aragonaise et aranaise avec chacune ses pratiques et son langage mais toujours la même gentillesse et beaucoup de sollicitude de la part des populations rencontrées ; non, le tourisme n’a pas tout gâché…
Journée 1
Sierra de Cadi, versant nord
Le départ se fait de Perpignan en empruntant la N116 en direction de Mont-Louis. Tout ce qui fait le bonheur de cette route, qu’il s’agisse d’Ille, Prades, Vinça, Villefranche, Eus, Olette et bien d’autres ne fait pas l’objet d’une description dans ce circuit mais sera repris ultérieurement dans d’autres pérégrinations.
A Mont-Louis, on poursuit donc en direction de Saillagouse puis Bourg-madame, toujours par la N116 en traversant le beau plateau de Cerdagne. L’entrée en Espagne se fait par Puigcerda, littéralement soudée à Bourg-Madame. On a longé juste avant l’enclave de Llivia.
A propos de Llivia
De fondation très ancienne, c’était un important castrum romain sur la route qui allait de Lleida à Toulouse (par le col de Puymorens) et vers la côte, par Elne. Llivia est restée enclave espagnole en territoire français suite pour une question de mot… en effet, le traité d’annexion du Roussillon de 1659 (Traité des Pyrénées), prévoyait que 33 "villages " reviennent à la France, hors Llivia était une "ville" et les français durent s’incliner et Llivia resta espagnole, tel un îlot.
On est maintenant pour de bon en Espagne et l’on arpente la route royale N260 en direction de Ger puis Bellver de Cerdanya pour arriver, sans plus de complications, à La Seu d’Urgell alors que se profilent à main gauche les contreforts caractéristiques du versant nord de la Sierra de Cadi.
La Seu d’Urgell est la capitale la Comarca de l’Allt Urgell. Seu voulant dire siège, au sens épiscopal, la ville est donc le siège de l’Evêché d’Urgell dont l’évêque partage(ait) le privilège, avec le président de la République française, d’être co-prince d’Andorre. L’existence de la ville remonte au VI°siècle. Reprise aux arabes dés 788 par Charlemagne, Sant Ermengol consacre la nouvelle cathédrale, dédiée à Notre- Dame en 1040. Reconstruite à partir de 1116 elle voit ses travaux suspendus à la fin du XIII°. Les restaurations du XX° siècle ont restitué les éléments romans de ce bel et vaste édifice.
Visite de la ville
Depuis le Parador, descendre la carrer Sant Domenech qui mène à la Cathédrale Santa Maria, splendide édifice roman du XII°. Elle se visite ainsi que le musée épiscopal, le cloître et la charmante petite église Sant Miquel du XI°.
Cathédrale santa Maria
La nef à 4 travées est voûtée en berceaux cintrés alors que les bas-côtés le sont en voûtes d’arêtes.
A remarquer la décoration des piliers cruciformes avec un motif en boules de pierre. Le transept présente 4 absidioles peu profondes qui encadrent l’abside semi-circulaire, le tout dans un style roman très épuré.
A l’extérieur, le chevet, remarquable d’équilibre, est caractérisé par une galerie d’arcades reposant sur des colonnes géminées. A l’opposé, belle façade avec bandes lombardes et portail avec voussures et chapiteaux ornés de motifs d’animaux fantastiques.
Le cloître, du XIII° (galerie « est » reconstituée au XVI°) présente d’intéressants chapiteaux (figures humaines et bestiaire fantastique) qui soutiennent des arcs plein cintres. Depuis le cloître on peut accéder à l’église de Sant Miquel (XI°), seul édifice subsistant de l’ensemble primitif construit par Sant Ermengol.
La visite du musée épiscopal s’impose avec en particulier la présentation du Beatus du XI°, rare copie du commentaire de l’Apocalypse existant encore à ce jour. Un intéressant audiovisuel accompagne et explique ce document rare.
Au sortir de la cathédrale, on prend à gauche vers la carrer del Canonges, belle et vieille rue étroite bordée de maisons des XIV au XVI°siècles, reposant sur des arcades. A gauche, voir la belle porte du Cal Roger, maison qui assurait l’hébergement aux pélerins de Saint-Jacques de Compostelle. On tourne à gauche dans la carrer Sant Just pour aller vers le palais de l’évêque (el Bisbe). Dans cette petite rue étroite, on voit à droite la Ca L’Armenter surnommée la casa dels Luna, XIV° avec des fenêtres géminées et ornée de petits croissants de lunes, motifs que l’on retrouve également sur les chapiteaux qui coiffent les colonnes des arcades. On passe devant l’imposant palais de l’Evêque puis l’on prend la carrer Santa Maria qui par la carrer de la Font nous amène vers le plan d’eau qui accueillit les épreuves de canoë-kayak lors des jeux olympiques de Barcelone en 1992.
On prend la carrer Sant Augusti, ancien couvent dans lequel est installé aujourd’hui l’hôpital moderne. On remonte ensuite vers le centre-ville par le passeig Joan Brudieu sorte de rambla, vaste avenue qui ramène vers la Place des Carmes. On tourne pour arriver dans la carrer Major où l’on peut voir de belles maisons aux façades décorées de sgraffites. On poursuit sous les arcades pour arriver sur de jolies façades de magasins « Art nouveau » qui jouxtent d’intéressantes mesures à grains qui datent respectivement de 1379 et 1840 !
Nous sommes revenus naturellement vers la cathédrale.
www.laseu.org
Journée 2
Eglise Santa Maria de Taüll, Vall de Boi
On quitte presque à regret La Seu d’Urgell mais le programme de la journée est alléchant avec au bout de la route, Vielha, en Vall d’Aran avec, au passage, la découverte du passionnant Vall de Boi.
On sort donc de la Seu d’urgell pour prendre la direction de LLeida puis pour s’écarter vers la droite vers Sort. On est sur la route nationale N260 qui s’élève rapidement pour suivre son parcours en vallées d’altitude, sauvages et solitaires. Le sol rougeâtre évoque une zone de caractère volcanique. Le passage du col "Port del canto" nous fait basculer dans une autre vallée, "els Pallars Sobira". Sort une fois franchie, on prend vers le SW la direction de Baro jusqu’à Geri de la Sal, petit village dans lequel on tourne à droite, direction Peramea, pour emprunter une petite route de traverse qui mène à travers un beau paysage rude et raviné à la Pobleta de Bellvei. On laisse le village de Perves pour à nouveau s’élever et franchir le col de Perves à 1325m. On récupère donc la nationale à Port de Suert puis l’on prend à droite en direction de Vall de Boi, très bien indiqué.
Vall de Boi
Cette vallée réputée permet d’apprécier et de découvrir un des plus beaux ensembles églises romanes construites aux XI° et XII°siècles. D’un style très homogène, elles se caractérisent par des clochers très élevés et élancés qui avaient certainement un rôle de tour de guet en des temps de moindre sécurité. Ces églises étaient pour la plupart ornées de belles fresques qui couraient sur les murs et les absides. Ces fresques ont été déposées et installées avec talent au musée d’Art de catalogne, des copies de qualité ayant été mises en place dans les églises. Les villages d’allure typiquement montagnarde s’égrènent tout au long de la vallée qui se termine à près de 1600m d’altitude à Caldes de Boi, station thermale aux eaux chaudes.
On pourra visiter successivement Sant Feliu de Barruera, Sant Joan de Boi, à Taüll, Sant Climent et Santa Maria, Santa Eulalia d’Erill la Vall et enfin la Nativitat de Durro. Au total, ce sont 9 édifices de la vallée qui sont classés au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Nous sommes aux portes du Parc National d’Aigües Tortes et des Encentats.
superbe environnement de montagne, heureusement préservé de tout accès motorisé.
www.parcsdecatalunya.net
On revient sur ses pas pour rejoindre la route nationale et prendre la direction de Vielha et du Vall d’Aran.
La route qui s’élève plein nord suit le parcours de la Noguera Ribagorçana dans une vallée large et bien ouverte, bientôt dominée sur la gauche par le massif de la Maladeta et l’Aneto qui culmine à 3408m.
On se joue de l’imposante masse grâce au tunnel de Vielha, long de plus de 5 km, au sortir duquel on change de vallée et bien souvent de climat. Nous voici dans le Vall d’Aran et le Parador de Vielha nous accueille, dominant la vallée. On pourra regretter sa position entre 2 lacets de la route nationale mais une fois à l’intérieur tout est paix et confort. L’étonnant bâtiment construit en rotonde offre une superbe vue sur les montagnes alentour.
Vall d’Aran
Situé sur la partie haute de la Garonne, le Vall d’Aran, enfermé par une série de sommets dépassant tous 3000m a longtemps vécu en autarcie de novembre à avril, rendu inaccessible par l’enneigement et la rareté des cols naturels. C’est seulement vers 1950, avec la réalisation du tunnel de Vielha que la vallée est sortie de son isolement. Cela explique la langue utilisée, l’aranais, dialecte gascon d’origine occitane. Ce sont prés de 40 villages nichés autour de leurs églises romanes qui s’égaient tout au long de la vallée.
Journée 3
vers le Massif d'Aneto
Au départ du Parador, on prend la direction de Vielha, plus bas dans la vallée et capitale administrative du Vall d’Aran, que l’on traverse, (nous nous y attarderons au retour) pour aller à Vaqueira, station de ski de haute renommée. Cette station bien construite, s’insère plutôt bien dans l’environnement. On prend ensuite la direction de Beret, petite station située un peu plus haut mais qui va nous permettre, selon la saison, d’engager une randonnée à pied ou à raquette vers les lacs de Rosari et Baciver. Il suffit de stationner son véhicule au parking de l’Ori et d’engager la balade en suivant un chemin bien marqué qui part à l’ouest en surplomb de la rivière (Riu Malo), déversoir du lac. durée 3h30 environ, A/R
Carte Vall d’Aran éditions Alpina www.editorialalpina.com
Après ce bel entracte physique qui offre de superbes points de vue, place à la culture, romane en l’occurrence car le retour vers Vielha réserve de biens jolies découvertes.
On s’arrêtera sucessivement à Salardu pour visiter l’église de Sant Andreu joliment ornée de peintures bien conservées du XVI°, Arties et son église romane de Santa Maria, actuellement en cours de très gros travaux, Betren dont l’étonnante église de Sant Estève présente un chevet composite faisant la transition du roman au début du gothique cependant que son portail présente sur les voussures nombre de petites sculptures particulèrement réalistes. On arrive enfin à Vielha où l’on ne manquera pas la visite de l’église de Sant Miquèu qui présente un beau retable du XV° et le buste du Christ de Mijaran, belle sculpture en bois du XII°siècle.
La route à prendre nous fait revenir sur nos pas pour retourner vers Pont de Suert. Toutefois, en variante il est tout à fait possible de rejoindre Bielsa, notre troisième étape par le France en en passant par Bagnères de Luchon et St Lary Soulan.
Restons en Espagne cependant et, alors qu’à 6 km de Pont de Suert, la direction de Bielsa nous fait bifurquer à ,droite en direction de Catejon de Sos, sitôt cette nouvelle route engagée, une plus petite s’invite pour rejoindre Ainsa en passant par Campo. On prend donc la direction de Bonansa pour s’enfoncer dans la belle vallée isolée de Dona Isabena.On suit donc la direction de Campo et l’on peut apercevoir à gauche, au sortir d’une gorge les imposantes ruines du Monastère d’Obara.
On traverse maintenant une zone de sierra aride d’un gris ardoisé et profondément ravinée (Sierra de Ballabriga). Le massif de Turbon (2492m) écrase le paysage de sa masse. Après avoir brièvement repris la nationale, nous voici maintenant sur la C140 qui sillonne au fond de gorges profondes.
Nous arrivons à Ainsa et l’on reprend la route nationale qui s’élève plein nord vers la France et Bielsa.
Arrivé à Bielsa, prendre à gauche la petite route à la sortie de la ville qui nous mène au pied du Monte Perdido (3355M) par la vallée de la Pineta. Le Parador se trouve au terme de la route, face au formidable cirque montagneux qui ferme la vallée.
C’est bien sûr un lieu privilégié pour la randonnée dont quelques exemples seront développés ultérieurement dans la section randonnée pédestre.
Journée 4
Chapiteau du cloître de La Seu, Lleida
Cette journée est consacrée au retour vers Perpignan. Il existe bien sûr plusieurs possibilités.
Nous avons choisi de revenir par LLeida puis Barcelone et Girone, villes déjà approchées dans d’autre parcours et avec lesquelles il est possible d’étendre le circuit.
En s’en tenant à un retour dans cette même journée, la visite de LLeida et en particulier de sa partie haute, couronnée par la Suda et la Seu Vella, complètent bien les découvertes de ces trois dernières journées.
LLeida ou Lérida est située dans la vallée plate mais fertile du Sègre.
Terre âprement disputée du IIX° au XII°siècle, elle offre au visiteur, sur ses hauteurs, le très bel ensemble de la Seu Vella et de la Suda. On se rendra la vieille cathédrale, chef d’œuvre roman, inondé de lumière puis l’on s’attardera dans le cloître gothique XIV° qui présente, en particulier, des chapiteaux sculptés en profondeur et en relief d’une extrême finesse. On déambulera sur la vaste plate-forme qui domine la ville moderne et l’on s’attardera auprès du palais de la Suda, place forte originale arabe.
On quitte Lleida par l'autoroute pour rejoindre le nord de Barcelone puis Girone, Figueras et enfin Perpignan.
Si l'on a encore un peu de ressource au long de ce trajet autoroutier, il serait opportun de faire étape et de réserver suffisamment de temps à deux très importantes abbayes cisterciennes d'Espagne, Poblet et Santes Creus. A vous de voir mais cela vaut vraiment le détour.
Plan journée 1
Plan journée 2
Plan journée 3