Les citadelles oubliées du Pays cathare

Les citadelles oubliées du pays cathare

 

Circuit des citadelles cathares oubliées

Ce circuit assez long (145km) permet en parcourant la zone frontière entre Pyrénées-Orientales et Aude, de sortir d'un injuste oubli quelques belles forteresses ou places fortes contemporaines de l"épopée Cathare en « oubliant » de visiter les lieux symboles que sont Peyrepertuse et Quéribus.
Point de départ de la promenade : Ille-sur Têt, idéalement placée pour parcourir d’est en ouest des paysages d’une très grande variété et d’une grande diversité géologique et botanique. Ces lieux, pour divers qu’ils soient, expriment fortement le souffle et de l’esprit de l’aventure Cathare qui anima ces lieux  au long du 13ème siècle.
Pour bien organiser ce périple, il convient de prévoir de limiter les visites de châteaux en privilégiant Puilaurens et Aguilar qui méritent une découverte approfondie.


Ille-sur-Têt
 

Plus qu’un simple point de départ géographique, Ille se visite avant de prendre la route et l’on réservera le temps nécessaire à la découverte, en particulier, de l’Hospice Saint Jacques D’Ille, fondé au XIIIe siècle pour venir en aide aux plus démunis et qui fut étape sur le chemin de Compostelle. L’hospice abrite aujourd’hui un Centre d’Art Sacré qui présente des œuvres d’art des périodes romanes et baroques, des collections d’orfèvreries, de peintures et de sculptures ainsi que des expositions temporaires.

Du centre ville on prend la D2, direction Prades puis l’on tourne à droite pour prendre la route de Sournia.
On quitte la plaine pour rejoindre Montalba-le-Château, joliment couronnée des ruines évocatrices d’un site fortifié .
histoireduroussillon.free.fr/Villages/Histoire/MontalbaLeChateau.php
On traverse le village pour atteindre le col des Auzines (alt. 606m). Le paysage évolue et l’on rentre dans une large vallée aux parois calcaires pour rejoindre Sournia.
Cependant que l’on s’élève, le paysage alentour prend des allures de petite montagne, ourlée sur les sommets de belles forêts domaniales. On traverse Rabouillet pour passer, juste au dessus, le col d’Aussières (alt. 1020m) et s’offrir un superbe panorama fermé par le Pic Dormidou (S-W), le Serres d’Escales et le Pic del Rossello (S) et le Roc Jalère (S-E). Au loin, bien sûr, vue sur le massif du Canigou. Du col, on poursuit, à niveau vers Montfort-sur-Boulzanne avant de commencer la descente vers les Fenouillèdes, qui, passant par Gincla  puis Salvezine, nous emmène par une route vallonnée et bien ombragée jusqu’à Puilaurens où, sur la gauche, avant l’entrée du village, une petite voie goudronnée mène au pied de la citadelle cathare.

Château de Puilaurens

Le château, à son origine (Xe siècle ),  était possession de l’Abbaye Saint Michel-de-Cuxa. Perché sur un promontoire à plus de 700 mètres d’altitude, il fut le lieu d’un des hauts faits lors de la croisade menée contre les cathares en résistant à l’armée de Simon de Montfort. En effet, après avoir soutenu sans succès un long siège,  Simon de Montfort voyait enfin ses efforts récompensés quand la garnison, sans plus la moindre goutte d’eau, réservoirs vides, dut se résoudre à la soumission. Il fut convenu d’un délai avant que l’envahisseur ne prenne place. Miracle, la pluie tomba en abondance redonnant eau et moral aux assiégés qui bien sûr se firent fort d’éconduire Simon de Montfort quand il se présenta à la porte du château.
Vexé mais circonspect, Simon de Montfort ne leva pas le camp pour autant, se donnant quelques jours pour remâcher sa rancœur. Les jours passèrent et aux hourras poussés par les assiégés succéda bientôt un lourd silence sur les hautes murailles. Intriguée, l’armée fit mouvement et prit le château sans la moindre résistance, la garnison ayant succombé à un empoisonnement consécutif à l’absorption d’une eau finalement corrompue par les rats et la vermine qui avaient pris possession des citernes. Réalité ou légende, on retiendra de cette fable injuste que ceux qui devaient périr par le feu moururent à cause de l’eau…

Quittant Puilaurens, on redescend sur Lapradelle, dans la vallée de la Boulzane qui irrigue les Fenouillèdes d’est en ouest. on traverse Caudiès-de-Fenouillèdes pour prendre à droite la D9 qui nous amène à Ansignan en passant par Fenouillet et Las Cabanes. Sur le chemin, à droite, la chapelle ND de Laval ainsi qu’à l’entour, de nombreuses ruines parsèment le paysage et témoignent d’un passé où ces vallées connaissaient une activité humaine et un intérêt stratégique plus affirmés qu’aujourd’hui.
Ansignan se distingue par la subsistance d’un beau pont-aqueduc romain. Il se parcourt encore et permettait de rejoindre les deux rives.
D’Ansignan, on remonte la vallée de l’Agly pour rejoindre Saint Paul-de-Fenouillet, capitale des Fenouillèdes et qui marqua la frontière avec la France jusqu’au traité des Pyrénées. A voir le clocher à 7 faces du « Chapitre » (XVIIe siècle). C’est également le point de départ pour la découverte des gorges de Galamus.

On reprend la D117 en direction de Maury qui mérite de lui consacrer un peu de temps pour la découverte de ses caves et la qualité de ses vins. De Maury, on prend à droite puis à gauche la D19 qui s’élève vigoureusement jusqu’au Grau de Maury, véritable échancrure et col naturel dans la montagne qui surplombe la vallée de Maury.
Sur le haut, à droite est érigée le château de Quéribus, véritable nid d’aigle (alt. 700m) accroché et mêlé à la roche.

Château de Quéribus
Un peu d’histoire : L’un des derniers bastions cathares après la chute de Montségur, Quéribus, par sa position pouvait sembler inexpugnable pour ceux qui vinrent y trouver refuge. Cependant, dés 1255, il tomba après un court siège. Devenue citadelle royale, Quéribus fut disputée aux aragonais aux XIIIe et XIVe siécles et, après amélioration pour résister aux nouvelles techniques de combats liées à l’artillerie, elle conserva une garnison jusqu’au XVIIIe siècle.

Du col s’ouvre un large panorama avec, niché au creux de la vallée, le charmant village de Cucugnan dont la légende du célèbre curé fit les délices d’un conte d’Alphonse Daudet.
On est là quasiment au pied de Peyrepertuse, l’autre très célèbre château cathare qui se situe à 4km, à l’est, hors de notre circuit.
Quelques mots sur le Château de Peyrepertuse
Surnommée à juste titre la « Carcassonne céleste », Peyrepertuse est quasiment impossible à identifier depuis le sol. En effet son architecture épouse et suit avec tant de fidélité la montagne qu’on ne peut discerner à l’œil nu ce qui est naturel de ce qui est bâti. Une fois dans la place il en va tout autrement, car c’est d’une petite ville dont il s’agit, intégrant habitat domestique, église, château et donjon de San Jordi (fin XIIIe siècle). Du sommet, la vue est époustouflante. Le roi de France, dés qu’elle tomba, la fit forteresse royale en 1240 pour devenir un des fleurons sur la ligne de frontière face aux aragonais.

On continuera donc par la droite vers l’est en empruntant la D14 qui en direction de Padern, s’insinue joliment à travers un paysage vallonné de vignes et de coteaux.
Le village de Padern qui se déroule par étages au long de la rivière Verdouble est surmonté des ruines d’un ancien Castrum qui verrouillait la vallée. les ruines qui subsistent aujourd’hui sont celles de la reconstruction d’un château plus récent reconstruit au XVIIe siècle. Sur le sentier qui mont au château on passe devant la chapelle Saint Roch, bien restaurée. Du château, jolie vue sur le village et la vallée.
La route qui mène à Tuchan (D14) longe de profondes gorges creusées par le Verdouble. Autrefois réputé pour la qualité de son huile Tuchan l’est aujourd’hui pour ses vins.
On quitte la ville en direction de Durban-Corbières par la D611 et l’on prend à droite une petite voie goudronnée qui mène au château d’Aguilar.

Château d’Aguilar

Les belles ruines du château s’inscrivent, dans un paysage vallonné,  sur un piton rocheux à l’altitude de 300 m.
Le noyau central et primitif du château s’inscrit dans un plan en pentagone irrégulier avec en saillie le donjon et la citerne. La seconde ceinture de fortifications, hexagonale, fut réalisée après la croisade sous le règne de Philippe III le Hardi, cependant que subsiste encore la chapelle isolée sur un éperon rocheux. L’histoire du château trouve son origine au XIe siècle ou il est propriété de Carcassonne puis de la famille des Termes. Soumis en 1210, il passe aux mains des français après la soumission d’Olivier de Termes au roi Saint Louis. Il prend alors un intérêt stratégique grandissant par sa position de garde-frontière aves l’Aragon.



Il reste maintenant à rejoindre Ille-sur-Têt, point de départ de notre excursion.
On retourne donc à Tuchan pour prendre la direction d’Estagel (D611) puis suivre la route jusqu’au col de la Bataille où l’on tournera à droite pour emprunter la D38 en direction de Belesta, jolie village blotti sous son château, accroché à flanc de coteaux.
Dernier spectacle et pas des moindres avant d’arriver à Ill-sur-Têt, avec le paysage insolite des Orgues d’Ille, véritables cheminées de fées, chef d’œuvre de la nature.